Urbanisation

L’urbanisation au cœur des enjeux de systèmes d’information de santé

Centrée dans un premier temps sur les DUI des ESMS des champs PA/PH/DOM et ses interactions avec leur écosystème, la démarche croisée d’urbanisation permet à la fois de faire converger les besoins prioritaires terrain et les orientations stratégiques vers une cible commune : une cible cohérente permettant une réorchestration des services pour le secteur médico-social.

Après une phase d’analyse de l’existant et la définition des orientations stratégiques, co-construite largement avec les acteurs de l’écosystème, la publication d’une première version du cadre est ciblée pour début 2023. Les orientations stratégiques se centrent sur 5 grands enjeux : la coordination et gestion des parcours, le positionnement des portails usagers, la télésanté et téléassistance, la collecte et gestion optimisée des données et l’extension de ViaTrajectoire au parcours auprès des acteurs du domicile. Ces thématiques seront approfondies et enrichies avec d’autres thématiques en 2023.

L’urbanisation en chiffres

S'il fallait résumer les actions en quelques chiffres…

150 acteurs de l’écosystème ont été rencontrés pour recueillir leurs visions et attentes

90 organismes gestionnaires et structures (PA/PH/Domicile) ont répondu à un questionnaire détaillé sur les échanges de données qu’ils mettent en œuvre et sur leurs enjeux prioritaires.

9 domaines d’étude ont été identifiés et permettent de couvrir les attendus prioritaires de l’écosystème

Interview d’Anne Cazenave

Cheffe de projet à l’Agence nationale d’appui à la performance sanitaire et médico-sociale (ANAP)

Pouvez-vous nous rappeler les grands enjeux et principaux irritants du secteur médico-social ?

Si la place du numérique ne se questionne plus dans le quotidien, il n’en demeure pas moins intéressant de souligner son utilité dans le secteur médico-social et social. Le numérique peut paraître technique mais les apports du numérique sont réels. Ils s’apprécient auprès de quatre populations : la personne accompagnée, le professionnel, les institutions et le système de santé.

Pour la personne accompagnée, le numérique facilite l’accès au soin et à l’accompagnement. Il simplifie les démarches et le lien avec les professionnels. Il fiabilise ses informations et rend la personne plus facilement actrice de sa santé.

Pour les professionnels, au-delà d’une étape d’adaptation et sous garantie de logiciels cohérents et de qualité, le numérique allège le quotidien en facilitant notamment la coopération entre les acteurs. Il améliore également les pratiques tout en sécurisant les professionnels.

Pour les autorités de tarification et de contrôle, il apporte une meilleure connaissance des besoins et de l’offre. Le numérique accompagne la transformation de l’ensemble du domaine de la santé, en permettant des passerelles. La mise en place des parcours implique des pratiques collaboratives qui ne seront effectives qu’à l’aide d’un système d’information utilisé par chaque acteur, dont le social et médico-social.

Concernant les principaux irritants, le constat partagé par l’ensemble de l’écosystème est la multiplication des saisies des informations du fait notamment de l’absence d’interopérabilité des systèmes d’information, à la demande des administrations tutelles et dans le cadre de coopération. Cela est vécu comme une perte de temps qui pourrait bénéficier à l’accompagnement des personnes.

Du point de vue des usagers et de leurs aidants, les démarches administratives sont parfois contraignantes et longues, elles nécessitent souvent la fourniture de documents identiques. La répétition également de son histoire auprès de chaque professionnel ou chaque organisme tout au long de son parcours devient un poids pour bon nombre d’usagers.

Pourquoi vous êtes-vous impliquée dans ces travaux d’urbanisation ?

L’urbanisation décrit les chemins des informations qui lient ou vont lier demain numériquement les structures, les professionnels à l’ensemble de ses partenaires, des familles et des usagers. Pour que le numérique soit pertinent pour le secteur médico-social, que les irritants soient amoindris, il faut que des autoroutes numériques soient mises en place pour fluidifier le trafic. Ces autoroutes vont rendre services à tous, l’ANAP a donc évidement participé activement à ce travail d’état des lieux des réseaux empruntés aujourd’hui et à la conception d’une cible qui sera au service de l’ensemble des acteurs du médico-social ! Nous avons mis notre connaissance du secteur au service de cet enjeu d’urbanisation qui constitue une clé de voute d’organisation des systèmes d’information pour les prochaines années pour le secteur médico-social.

Interview de Christophe Peterfalvi

Urbaniste à l’ANS

En tant qu’urbaniste, pouvez-vous nous préciser les spécificités de la démarche conduite pour le secteur médico-social ?

L’approche proposée pour conduire les travaux est plutôt généraliste et dite croisée (Top – Down / Bottom – Up) à laquelle s’ajoute une mise en perspective de l’orchestration des services puisqu’il s’agit aussi de rendre interopérable les services entre eux.

Les travaux et chantiers associent fortement les parties prenantes en tenant compte des différents acteurs de l’écosystème et cela aussi bien au niveau national que territorial, via des entretiens, des groupes de travail, des enquêtes. Il s’agit de considérer les besoins, usages et trop fortes dépendances auxquels les systèmes e-santé devraient pouvoir répondre en tant que facilitateur. Il s’agit également de pouvoir prendre en compte les orientations stratégiques portées par les services publics pour améliorer l’organisation des systèmes d’information.

Les spécificités des travaux tiennent plutôt du fait de la particularité du médico-social et donc aux métiers des acteurs participants à l’accompagnement et bien sûr aux usagers.

Une première version du cadre d’urbanisation va paraître très prochainement, pouvez-vous nous préciser ce qu’elle va apporter et quelles sont les prochaines étapes ?

L’urbanisation ne peut humblement que se positionner en tant que facilitateur pour l’écosystème et dans les frontières de la e-santé. Elle permet néanmoins d’établir les fondations d’un système des services numériques dont les piliers sont l’éthique, l’interopérabilité et la sécurité, avec comme matière première les données. Elle se matérialise de manière effective au sein et au travers des plateformes citoyennes et de tous les systèmes et solutions e-santé devant interagir.

Nous avons dans ce cadre, décliné les grands principes en thématiques de travail qui se concrétisent pour le médico-social par des recommandations dans 9 grands domaines d’études synthétisant les besoins des acteurs et usagers. Ces 9 domaines d’étude sont circonscrits pour le moment au DUI et concentrés autour des « personnes âgées », « personnes en situation de handicap » et « Domicile ». Il s’agira pour la suite d’élargir ce cadre à d’autres domaines d’étude et aussi au social.